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convitium potius quam nomen,» ce doit être Hugues Farsit (Hue li Farsis), chanoine de
Saint-Jean-des-Vignes à Soissons, lequel suivait les miracles qui de 1128 à 1132 s'opéraient dans l'église de
Notre-Dame de cette ville. Il a écrit de grandes louanges de saint Norbert, et prétend avoir assisté à
soixante-quinze miracles dont se moque Racine le fils. (Biblioth. praemonstr. ordin. S. Norb. vit., p.
365. Acta sanctor. Junii, t. I, p. 816 et 861. Vie de saint Norbert, par Hugo, l. IV, p. 834. Hist. litt., t. XI,
p. 620, et t. XII, p. 115, 294 et 711. Mém. de l'Acad. des inscript., t. XVIII, p. 847.)]
Quant à saint Bernard, Abélard semble l'avoir plus ménagé; et, si ce n'est dans une ligne de l'histoire de ses
malheurs où il l'attaque sans le nommer[219], il parait être resté, à son égard, dans les termes d'une prudence
politique, imitée par son rival que distrayaient d'ailleurs tant d'autres soins, et qui était dans la religion un
homme d'État encore plus qu'un docteur. Cependant il faut raconter une anecdote déjà indiquée qui peut servir
à bien faire juger de leurs relations.
[Note 219: Ab. Op., ep. I, p. 31, et ep, II, p. 42.]
Un jour, l'abbé de Clairvaux visita le Paraclet, et y fut reçu avec de grands honneurs. Ayant assisté à vêpres,
comme à la fin de l'office, suivant une règle de l'ordre de Saint-Benoît, on récitait l'Oraison dominicale, il
remarqua avec surprise qu'on y faisait une variante, non adoptée généralement par l'Église. Au lieu de dire:
Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien, conformément au texte de saint Luc, on disait: Notre pain
supersubstantiel, selon le texte de saint Mathieu. Bernard en fit l'observation à l'abbesse, et comme elle lui dit
que le maître Pierre l'avait prescrit ainsi, il parut ne pas approuver cette singularité[220]. Étant venu au
couvent quelques jours après, Abélard fut instruit de ce qui s'était passé, et il écrivit à l'abbé de Clairvaux une
lettre où il lui dit d'abord, un peu ironiquement peut-être, qu'on l'a écouté au Paraclet, non comme un homme,
mais comme un ange, et que pour lui, il serait plus fâché de lui déplaire qu'à personne; puis, il explique que la
version de saint Mathieu lui a paru préférable à celle de saint Luc, parce que le premier avait appris le Pater
de la bouche de Jésus-Christ, tandis que le second ne pouvait le tenir que de saint Paul, qui lui-même n'avait
pas entendu le Sauveur. Enfin, après quelque discussion, il déclare ne pas beaucoup tenir à ces diversités de
bréviaire qui sont naturelles et sans danger, et cette lettre commencée si respectueusement pour saint Bernard,
il la termine par quelques critiques d'un ton vif et moqueur contre la manière particulière dont certains offices
LIVRE PREMIER. 82
Abelard, Tome I
étaient dits à Clairvaux[221]. On ne voit point que saint Bernard ait rien répondu. Il paraît seulement que par
la suite, mais longtemps après Abélard, Héloïse et saint Bernard, les religieuses du Paraclet comme les
religieux de Cîteaux, ont changé les singularités de leur liturgie.
[Note 220: Cette différence existe dans la Vulgate qui traduit par supersubstantialem panem dans saint
Mathieu, et par panem quotidianum dans saint Luc, les mots [Grec: arton epiouson] commune à l'un et à
l'autre dans le texte grec. Quoique le mot de pain quotidien ait prévalu, on ne voit pas comment il peut
traduire exactement l'adjectif grec qui signifie beaucoup plutôt substantiel que quotidien. (Voy. Thes. ling.
graec.) L'épithète de supersubstantiel est rendue dans la Bible de Vence par ces mots: Notre pain qui est
au-dessus de toute substance. Au reste, les variations sont nombreuses tant sur la lettre que sur le sens de ce
passage de la prière la plus familière aux chrétiens. (Math., VI, 0. Luc., XI, 3. Biblia maxim., t. XVII, p.
62. Nicole, Pater, c. VI.)]
[Note 221: Ab. Op., pars II, ep. V, P. Abael. ad Bern. claraev. abb., p. 244, et Serm. XIII, p. 858.]
Telles étaient, à les considérer dans leur détail, les relations d'Abélard avec diverses parties du clergé. Jugez
donc si le jour où il exciterait de nouveau les ombrages de l'orthodoxie, il pouvait espérer indulgence ou
justice. Or cette hypothèse devait tôt ou tard se réaliser. La foi absolue qu'il avait dans son propre sens, la
certitude naïve qu'il professait d'être le plus savant des hommes, lui avaient dicté assez de maximes
indépendantes et d'imprudentes publications pour que la matière ne manquât point aux accusations de ses
ennemis: il ne leur manqua longtemps que l'occasion et le courage.
Nous ne retrouverons plus ici Norbert qui était mort en 1134, ni Albéric de Reims qui, devenu archevêque de [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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